La pêche en grand lac


      J’espère que cet article sur la pêche en grand lac va en intéresser certains : ceux qui comptent y faire une première comme ceux qui ont déjà pratiqué.

      Nous allons voir comment se préparer, essayer de comprendre un peu les lacs et ensuite nous verrons comment tenter de réussir sa session avec le placement des lignes, etc.

      Loin du quotidien, je parcours des kilomètres de berges à la recherche de la plénitude absolue. Seul ou accompagné, la découverte d’un grand lac reste pour moi une aventure, un moment magique et unique. Magique car cela crée en moi une effervescence interne par l’ébullition de mes neurones carpiens. Unique dans la diversité des lieux qui demeurent le fil conducteur de mes sessions. Réussir une session résulte rarement du hasard.

      La rivière reste un de mes lieux de pêche préférés (même si depuis quelques temps je l’ai un peu délaissée) sa diversité, les multitudes de solutions qu’elle nous offre et bien entendu mis à part quelques portions bien connues, une pression de pêche qui rapportée au nombre de carpistes actuel me semble bien négligeable.

      De toute façon, je reste persuadé que l’avenir de la carpe pour les puristes se déroulera sur les berges ou le courant est la pièce maitresse de l’écho système.

      Malgré tous les attraits de la pêche en rivière, j’avoue très sincèrement ressentir de puissantes vibrations lorsque mes yeux se posent pour la première fois sur une immensité d’eau : un grand lac.



      Ces vibrations engendrées par le mélange du doute et le bien être restent indispensables dans la vie de carpiste qui est la mienne. Ceux qui pratiquent comme moi comprendront et je souhaite aux autres de la vivre.

      Partager ces sensations avec un autre acharné rend ces moments inoubliables : confronter ses opinions sur les postes, imaginer ensemble la route des carpes permet souvent de trouver une des meilleures solutions qui se présentent devant vous. Mais attention, partir en groupe signifie être bien accompagné car une semaine en compagnie d’une personne n’ayant pas la même vision d’une session que vous peut vite tourner à la catastrophe. Cette règle est incontournable pour moi : mieux vaut être seul que mal accompagné. Qu’il y ait du poisson ou pas, étant bien accompagné, j’ai vécu des sessions sans poisson qui resteront mémorables (une au Der et une à Orient).

      L’origine d’un lac qu’elle soit par exemple volcanique, de montagne, de plaine, nous donne quelques indications sur la nature du sol, le relief des berges et par conséquent les variations de fond. Je m’explique : un lac de montagne peut posséder des profondeurs de 50m à moins de 150 ou 200 mètres du bord, ces variations sont à l’image des berges et des reliefs environnants. Par contre, des retenues d’eau artificielles comme le DER ou la foret d’Orient ne possèdent pas de variations de fonds aussi brusques car ce sont des lacs situés en plaines.

      Même si on considère qu’un lac est un écho système fermé, son fonctionnement est fortement influencé par des paramètres extérieurs. Le principal de ces paramètres est pour moi le climat et tout ce qu’il engendre : température, lumière, vents, oxygène, etc. La température est un élément essentiel pour la vie d’un lac.

      En France, nous sommes soumis à un climat tempéré certes mais point important, il présente des caractéristiques bien différentes en fonction de notre position sur l’hexagone. L’hiver dans l’est de la France n’a pas la même signification que dans le Var.

      Ce paramètre qui peut paraître une évidence pour certains d’entre nous est un facteur primordial dans le choix d’une date de départ en fonction du lieu pour une session. Une session au sortir de l’hiver sur un réservoir de l’est est souvent délicate.

      La profondeur d’un plan d’eau est pour moi un facteur clé. Elle permet en fonction de l’éclairement (rayonnement solaire) une modification plus ou moins rapide de la température de l’eau, le brassage des différentes couches de températures résulte de l’action du soleil et surtout du vent. Ce phénomène entraine une répartition différente des couches de températures et en particulier de la thermocline qui est par ses caractéristiques thermiques et sa teneur en oxygène une zone de confort. Elle peut varier de plusieurs mètres sur un lac.

      En clair, la berge frappée par le vent aura une température supérieure à la berge opposée. Ce phénomène semble particulièrement intéressant en début et en fin de saison. Pour conclure sur les principaux paramètres influents sur le comportement d’un lac, il me semble important de gérer et analyser un ensemble de paramètres, connaître le climat d’une région et la profondeur moyenne d’un lac, se renseigner sur les vents dominants nous oriente sur certaines zones du lac les plus oxygénées à conditions de ne pas négliger le profil des berges et la végétation qui pourraient former une barrière naturelle ou bien un véritable couloir pour le vent.



      Après avoir examiné les paramètres extérieurs, voyons ensemble les différents habitants de ces immenses étendues d’eau : la nourriture naturelle, les herbiers, etc.

      Avant de trouver la nourriture naturelle, il est nécessaire de localiser les zones favorables à son développement. Les crustacés comme les gammares et les écrevisses prennent une part importante dans l’alimentation de la carpe.

      Le gammare intervient dans la nutrition de la carpe mais aussi dans celle de l’écrevisse. Il apprécie les plages de graviers, les herbiers. Cette petite crevette d’eau douce contient du carotène (élément aussi présent dans le Robin Red). Quand à l’écrevisse, elle est souvent signe de réussite. Recherché par la carpe elle possède des mœurs nocturnes et elle évolue dans les zones ombragées. Elle préfère les pierres, les racines et tout obstacle naturel ou non. Sa période d’activité est en fait liée à sa période de croissance de mars à novembre.

      Ne négligeons pas les différents mollusques qui interviennent dans l’alimentation de la carpe : les gastéropodes et les lamellibranches. Ils préfèrent soit les herbiers pour les gastéropodes soit les fonds mous pour les anodontes soit les substrats durs pour les dreissènes.

      La localisation de la flore aquatique sur un lac est un facteur important pour moi : les roseaux en bordure sur des pentes douces, les ilots, les nénuphars.

      Je ne peut pas achever ce chapitre sans évoquer le cas des forêts immergées qui ne peuvent pas être citées comme végétaux mais qui sont par le sentiment de sécurité qu’elles apportent aux écrevisses et apport conséquent aux carpes, des postes de premier choix pour moi.



      Le choix d’un lac s’oriente avec les différentes inspirations :

      Une session découverte à la recherche de nouvelles eaux ou la pression de pêche n’est pas encore le mot à la mode.

      Une session à fortes vibrations sur des lacs mythiques.

      Une session dans des eaux ou la densité de poissons est telle que les piles des détecteurs ne durent pas longtemps.

      Essayons d’entrevoir comment s’orienter sur un lac. Tout d’abord, l’élément indispensable pour la recherche d’un plan d’eau c’est un atlas permettant de localiser les grosses tâches bleues. Après avoir sélectionné une ou plusieurs, il devient nécessaire de s’investir un peu plus profondément.

      La recherche de documents ou d’articles concernant un lac par sa situation et ses caractéristiques (superficie, longueur, largeur, profondeur) et les poissons présents dans le lac et leur densité, la réglementation, les renseignements pratiques comme les adresses de la fédération, des détaillants d’articles de pêche, des campings et dans le meilleur des cas une carte permettant de visualiser les principales profondeurs du lac.

      Après cette première étape qui n’est pas la moindre, il devient nécessaire de commencer à exploiter les différentes adresse et contacts afin d’obtenir des renseignements à distance par l’intermédiaire d’un téléphone. Les amis pêcheurs ou pas, les clubs, les fédérations, les détaillants permettent d’obtenir de précieux renseignements. Une visite du lac lorsqu’elle est possible est un atout non négligeable pour la suite et un gain de temps pour la session à venir. Elle permet de localiser les différents postes, les chemins d’accès, etc.

      Maintenant, grâce à internet, vous avez de quoi bien préparer votre session. En arrivant sur le lac, la communication reste un atout majeur. La recherche d’informations auprès des pêcheurs locaux peut s’avérer utile.



      Par contre, il sera nécessaire lors de votre arrivée sur le lac de parcourir des dizaines de kilomètres pour visualiser les zones présélectionnées et d’effectuer une première approche topographique qui sera affinée par un sondage minutieux par la suite si la zone est adoptée. Il ne faut surtout pas négliger cette prospection et ne pas hésiter à recharger le bateau sur la voiture si celle-ci ne présente guère d’intérêt car souvent, les résultats d’une bonne session se font dans le choix du secteur en fonction de la météo du moment.

      Pensez aussi si vous avez choisi un poste sur une berge battue par le vent que souvent sur ces grandes étendues d’eau, les vents soufflent très fort au point de ne pas pouvoir sortir en bateau pour déposer les lignes. Le mieux est de trouver une zone ou vous pouvez lancer les cannes et si vous avez de la chance, il se peut que vous ayez les deux (pêche longue distance et portée de canne) sur la même zone.

      Une fois le secteur déterminé, il va falloir s’installer. Moi, j’aime bien être le plus près des cannes et du bateau. J’aime pouvoir observer mon poste ainsi qu’une plus grande partie du lac car en cas de changement de météo, il se peut que le poisson se mette en activité et il me sera alors possible de le repérer. Avant de pêcher sereinement, il va falloir sonder le secteur. Il faut prendre son temps car la pêche va en dépendre. Lorsque l’on passe l’écho sondeur sur une zone, il faut le faire lentement, ne pas hésiter à poser un repère dès que vous trouvez quelque chose d’intéressant et de tourner autour pour affiner le sondage. Vous pouvez utiliser une canne avec un plomb lourd mais personnellement, je préfère une « biroute » (genre de fil à plomb de maçon mais plus gros et plus lourd) pour déterminer des petits herbiers, des obstacles, des poches de vase, etc. Vous pourrez ainsi déterminer le début et la fin d’une zone de choix et la marquer d’un repère.

      Si le secteur s’y prête, n’hésitez pas à varier les postes : une ligne sur un haut fond, une en bordure, une à proximité d’obstacles, une proche d’un herbier si en plus vous pouvez pêcher différentes profondeurs, alors ce poste est très intéressant.



      Sur le plan tactique, je m’applique à exploiter les différentes opportunités qui s’offrent à moi : c'est-à-dire de profiter du moindre mètre carré ou la carpe est susceptible de s’alimenter, de stationner ou tout simplement passer. Chaque repère doit être placé sur un endroit stratégique : une cassure, un haut fond, une pente douce, des souches, un massif d’herbiers, etc.

      Mes montages sont souvent les mêmes : un plomb de 140g pour un meilleur auto ferrage et pour résister à la pression du vent et de l’eau à grande distance. Mon bas de ligne sera en fluorocarbone ou tresse gainée le plus raide possible pour éviter les emmêlements dû aux écrevisses et autres poissons blancs. Enfin, mon appât sera lui aussi très dur pour dissuader les nuisibles.

      Pour les appâts, bouillettes et graines font partie des éléments essentiels dans la préparation d’une session. En matière d’appâts, le seul ingrédient indispensable reste la confiance. La présentation de l’appât est un facteur important : dense, équilibré ou flottant, là aussi, à vous de trouver la formule qui fonctionne et en laquelle vous avez confiance.

      Bien pêcher en grand lac n’est pas possible sans l’emploi d’une embarcation ce qui n’est pas forcément simple surtout quand les éléments sont déchainés, il faut bien maitriser les rames et la conduite du moteur électrique. Déposer une ligne avec précision sur un spot loin du bord peut devenir une vraie galère dès que le vent s’en mêle.

      Une chose très importante est la dépose du montage sur le fond, il faut qu’il soit pêchant et lorsque vous pratiquez dans des profondeurs variant entre 5 et 10 mètres voir plus, ce n’est pas si simple et il ne suffit pas d’arriver sur votre repère et d’y déposer votre montage. Il faut déposer sur du propre, près des obstacles, herbiers, etc. Pour cela, il faut faire descendre votre ligne sur la zone d’une main et faire avancer le bateau très lentement avec le moteur électrique afin que votre montage se pose sur le fond bien aligné.

      L’année passé, au Salagou, nous mettions parfois plus de quinze minutes pour positionner le montage mais tant que nous n’étions pas sur que ce dernier était vraiment bien positionné, on recommençait l’opération. Même si le lac n’est pas facile à pêcher, cette tactique nous a permis de prendre du poisson et plus que les autres mais que ce soit au Salagou ou ailleurs, il faut que votre montage soit le mieux positionné possible.



      Je voudrais pour finir vous parler de petits trucs qui s’avèrent très utiles comme les repères lumineux la nuit pour déposer une ligne dans le noir complet. Il est judicieux de placer aussi un repère visuel sur la berge car retrouver votre campement en pleine nuit peut devenir un vrai cauchemar si vous n’avez pas prit cette précaution. Pensez aussi à votre sécurité en portant un gilet. Il en existe de très légers maintenant qui ne gênent pas pour les manœuvres.

      La pêche en grand lac est une expérience magique qui procure des sensations intenses mais croyez le bien n’est pas réservée à une élite. Avec un peu d’expérience et de bon sens cette extraordinaire aventure est à portée de tous.

      Expliquer le cheminement qui mène du choix d’un lac au premier départ n’est pas chose aisée. Toute la diversité des situations est abondante alors c’est ce que j’ai essayé de vous faire partager et si avec cet article je peut mettre le pied à l’étrier à certains et l’eau à la bouche aux autres c’est une bonne chose sachant que moi, personnellement je préfère la tactique à la technique, l’amitié à la rivalité et bien entendu la session à la compétition.

Allez bonne pêche à tous !!!

 

 

Jean Mi




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